mercredi 17 juillet 2013

Au jour le jour, comme ça

21 juillet 2013

Le Tour de France m’a aidé, plus ou moins, même si je savais que je me faisais avoir. Au moins, pendant que je regardais, je ne pensais pas à ce qui me faisait souffrir. Et, au moins, la chaîne avait éjecté Jalabert, ce tricheur qui se présentait comme une sorte de parangon de vertu.

Le Tour de France m’aidait à ne pas penser à ce qui me faisait souffrir mais, en réalité, c’était la même hypocrisie, le même mensonge. Une épreuve sportive ? Une émission de variété, plutôt, une chaîne de télévision exploitant des cyclistes courant pour des marques commerciales dont les noms sont prononcés de très nombreuses fois, les coureurs eux-mêmes, lors des interviews, ne manquant pas de citer leur sponsor. Sans parler des « jeux », dont la réponse est donnée et qui sont simplement destinés à persuader les gogos d’appeler des numéros surtaxés.

Tout ça, à la réflexion, est ridicule. Demain, on aura oublié les « héros » d’aujourd’hui. On passera à autre chose. Un clou chasse l’autre.

Les mecs pédalent dans les cols, mais ce n’est sûrement pas aussi dur qu’on voudrait nous le faire croire. Après tout, il n’y a que trente ou quarante minutes entre le premier et le dernier. Après trois ou quatre cols, qu’est-ce que ça change ?

C’est un spectacle comme tout, aujourd’hui, est spectacle. Les coureurs ne sont pas en cause, mais les journalistes et les consultants, qui font monter la mayonnaise, devraient se poser des questions. Ce qu’ils ne feront pas, évidemment.


17 juillet 2013
Les tomates qu'on nous vend aujourd'hui? J'ai envie de les appeler "totraves". Elles ont l'aspect de la tomate, plus ou moins le goût de la tomate, mais la consistance est celle de la betterave. Elles me font penser à la cigarette de Winston dans 1984.

samedi 13 juillet 2013

Une nouvelle importante


Une nouvelle importante

 

Un vendredi de fin août, vers quinze heures, B. reçut un coup de téléphone de sa mère. Cela sortait de l’ordinaire. Elle l’appelait le mercredi à onze heures et il lui téléphonait le dimanche à la même heure.

Elle appelait, dit-elle, pour lui annoncer une nouvelle importante : son mari et elle avaient décidé d’aller s’installer à Marseille, où vivait la sœur de B. Ce serait plus pratique pour eux, argumenta-t-elle ; ils étaient âgés et avaient de plus en plus de mal à monter et descendre les escaliers de l’étage et de la cave ; ils habitaient « loin de tout » et faire les courses était compliqué ; les hivers, à N. étaient longs, froids et humides. Ils vendraient leur maison et loueraient un appartement tout près de celui de la sœur de B., qui pourrait ainsi facilement les aider. Ils s’étaient décidés pour Marseille à cause du climat et des étages. Le déménagement était prévu pour la fin de l’année.

B. connaissait le problème. Ses parents l’avaient abordé quand il avait passé trois jours chez eux, quelques semaines plus tôt. Il avait proposé de séjourner plus souvent et plus longtemps  à N., puisque son travail le lui permettait.

Par une sorte de réflexe conditionné, il répondit que c’était sans doute une bonne idée et se déclara prêt à aider en cas de besoin.

Mais, quelques instants après avoir raccroché, il s’interrogea. Quand cette décision avait-elle été prise ? Dans quelles circonstances ? Comment ? Qui était à l’origine de ce projet ? Et pourquoi ses parents ne l’avaient-ils pas mentionné lors de son séjour chez eux ? Il lui semblait qu’une décision aussi radicale ne pouvait avoir été prise en quelques jours, ni même quelques semaines.

Il lui parut clair qu’on l’avait une fois de plus tenu à l’écart d’une décision lui créant des obligations nouvelles. N. se trouvait à moins de trois cents kilomètres de Paris, Marseille à mille. Cependant, il ne serait pas dispensé des séjours obligatoires chez ses parents pour les fêtes traditionnelles : Noël, Pâques, Pentecôte, Ascension. Alors que la religion n’avait jamais compté, que son père s’était toujours plu à répéter qu’il était « anticlérical ».

Très vite, les questions que B. n’avait pas eu la présence d’esprit de poser prirent toute la place dans ses pensées, l’obsédèrent. Il se reprocha de s’être tu, d’avoir accepté en silence et même proposé son aide, comme toujours. L’idée de demander des explications, des précisions, des éclaircissements, ne lui avait même pas traversé l’esprit. La surprise avait été si grande qu’elle l’avait privé de son jugement, de ses moyens. Comme toujours, l’attaque était survenue alors qu’il se sentait en sécurité, alors qu’il croyait la paix sur le point d’être enfin signée. Comme toujours, il l’était fait avoir.

Il se souvint de l’époque où, lorsque son père prit sa retraite, ses parents décidèrent de retourner s’installer à N. Rien ne les obligeait à quitter l’Île de France. B. et sa sœur y avaient été transplantés et y vivaient. Le déménagement leur imposerait de longs trajets en voiture pendant les week-ends les plus chargés. Une sorte d’équilibre semblait avoir été atteint. La famille vivait en région parisienne. Il y avait des déjeuners et des dînes après lesquels chacun rentrait chez soi.

Un jour, seul en voiture avec son père, B. aborda le sujet, raisonnablement. Le retour à N. ne semblait pas logique, argumenta-t-il. Son père cria quelque chose comme : « la décision est prise, il n’y a pas à discuter, » ferma et leva le poing. Une dizaine d’années plus tôt, alors que son père allait le frapper, B. avait pris une attitude montrant qu’il se défendrait. Son père avait reculé, renoncé. Mais la menace de la violence, ce jour-là, dans sa voiture, le réduisit au silence. Ses parents s’installèrent à N et, pendant de nombreuses années, les trajets et les séjours se succédèrent.

Verbale et physique, la violence avait toujours été le lot de B. Son père, qui s’emportait, gueulait beaucoup et frappait d’une façon désordonnée, mais sa mère avait une langue de vipère. « Tu finiras sous les ponts, »disait-elle, ou : Il te manque toujours quatre-vingt-dix-neuf sous pour faire cent sous, » ou encore : « Le mauvais ouvrier a toujours de mauvais outils. » Outre les hurlements et les cris, son mari prenait exemple sur elle. Bien des années plus tard, B. avait dressé des listes. Mais à quoi bon ?

Elle avait du flair, sa mère, pour les mots qui blessaient. Ce que B. n’avait jamais compris, c’était que ce déchaînement de violence verbale et physique était pour son bien. « C’est pour ton bien que ton père te bat, lui disait la grand-mère maternelle, c’est parce qu’il t’aime. Tu as besoin d’être corrigé. » Longtemps après, un psy lui avait demandé, ironique, s’il l’avait crue. Il n’avait pas eu la présence d’esprit de répondre quelque chose comme : « J’avais dix ou onze ans, qu’est-ce que vous auriez fait à ma place ? » Oui, il l’avait crue. Trop tard, il s’était demandé ce qui avait été mal fait la première fois et nécessitait des corrections.

Cependant, malgré leurs idées stupides sur l’éducation, leur lâcheté et leur volonté de défendre leur fils, les grands-parents paternels de B. s’étaient toujours montrés affectueux. Même si B. savait confusément qu’on le confiait souvent à eux pour le mettre à l’écart, pour se débarrasser de lui, il se sentait chez eux relativement en sécurité, relativement protégé.

Le lendemain de l’annonce du déménagement, convaincu d’obtenir des réponses à ses questions et ses demandes d’éclaircissements, B. rappela sa mère. C’était mal la connaître ou refuser de regarder la réalité en face. Elle campa sur ses positions. Tout au plus reconnut-elle que le sujet avait peut-être fait son apparition une ou deux semaines avant la prise de décision, dont B. avait été immédiatement averti, comme il se doit. Elle ne pouvait évidemment reconnaître qu’on avait caché l’existence de ce projet à B. pendant son récent séjour à N. B. argumenta : il n’était pas logique qu’une décision aussi importante ait été prise en une ou deux semaines sans que le sujet ait été abordé précédemment. Ses efforts restèrent vains. C’était, comme toujours, à prendre ou à laisser. Le ton monta et, sous l’effet de la frustration, de la colère, de la conviction d’avoir une fois de plus avoir été tenu à l’écart, B. dit qu’il ne participerait pas à ce déménagement et qu’il n’irait pas à Marseille.

Quelques semaines plus tard, il eut au téléphone sa sœur, qui dit étourdiment qu’il avait été très difficile de convaincre leur père, qu’il avait fallu le « travailler au corps. » C’était, du point de vue de B., un aveu, une preuve. Une ou deux semaines ne suffisent pas pour travailler quelqu’un au corps. Mais son père lui-même, lorsque B. lui rapporta ces propos, refusa d’admettre que la possibilité d’une installation à Marseille était dans l’air depuis longtemps.

Le déménagement eut lieu en décembre, mais l’appartement prévu n’était pas prêt. Les parents de B. passèrent plusieurs mois chez leur fille, ce qui eut l’avantage d’annuler les pressions pendant la période de Noël. Il était en effet impossible de loger B. Il aurait dû tirer les conséquences de cette exception, Noël et Pâques ayant toujours été les périodes des pressions les plus fortes, mais il ne le fit pas.

Au cours de ces mois, B. reçut de nombreux coups de téléphone de son père, qui se plaignait de la situation et tentait, semblait-il, de l’amener à prendre parti contre sa mère et sa sœur. Il n’y eut, dans leurs conversations, aucune allusion à la décision liée au déménagement et B. ne relança pas le sujet. C’était inutile. Le mensonge était entré dans le domaine du réel, de la vérité. Tout pouvait recommencer comme avant et cette situation fut consolidée quand les parents de B. purent enfin s’installer dans leur nouvel appartement.

Pendant les années qui suivirent, B. n’oublia pas et ne céda pas. Il rappela le mensonge, entretint des relations téléphoniques difficiles et épisodiques avec ses parents et refusa absolument d’aller chez eux, à Marseille. Dans les conversations, c’était le vide qui le frappait. Ses parents souffraient de la chaleur en été ou n’étaient pas assez bien chauffés en hiver ; ils avaient du mal à marcher ; ils devaient se faire aider par des personnes extérieures ; à les entendre, la vie n’était pas plus facile que lorsqu’ils habitaient N. Quand ils lui demandaient comment il allait, c’était après leurs plaintes, comme une question qu’on a oublié de poser, et il ne pouvait répondre que : « Bien. » Les rares fois où il avait essayé de raconter, il avait perçu l’indifférence, l’ennui.

Ces conversations se terminaient invariablement par « je t’embrasse » et c’était une cruauté de plus. La seconde épouse de B. avait remarqué la dureté avec laquelle ses parents et sa sœur le traitaient et leur en avait fait la remarque. Elle avait dit quelque chose comme : « Vous pourriez au moins lui dire je t’embrasse avant de raccrocher. » Ils l’avaient fait. Ça n’avait aucun sens pour B.,  mais l’habitude avait survécu au divorce et les mots, quand ils étaient prononcés, lui rappelaient qu’il avait fallu les arracher à ses parents. C’était, chaque fois qu’ils les employaient, comme une gifle.

Deux ans après le déménagement, la mère et la sœur de B. se déclarèrent incapables de s’occuper plus longtemps de leur mari et père. Il devint indispensable de le placer dans un établissement médicalisé. Cela n’étonna pas B. Le déracinement de son père ne pouvait aboutir qu’à cette issue. Il se souvint de la longue campagne de sa mère, une quinzaine d’années plus tôt, pour convaincre ses propres parents de s’installer dans une maison de retraite. Le grand-père de B. n’avait pas survécu deux années.

Pendant les mois suivant, la mère de B. se plaignit souvent de la fatigue liée à la nécessité de rendre visite à son mari toutes les semaines. B. compatissait et se sentait coupable. S’il avait accepté le déménagement en silence, s’il s’était résolu à séjourner de temps en temps à Marseille, peut-être son père n’aurait-il pas perdu aussi vite courage. Mais il savait aussi, au plus profond de lui-même, qu’il avait adopté la seule attitude possible compte tenu des mauvaises relations qu’il avait toujours entretenues avec ses parents. Ou inversement. Mais la culpabilité menaçait sans cesse de l’écraser. Il luttait contre elle pied à pied, comme des Indiens des Plaines qui, pour s’interdire de reculer dans la bataille, nouaient autour de leur taille une écharpe dont l’extrémité était maintenue en place par une lance fichée dans la terre.

Finalement, sa mère lui annonça que son père voulait le voir pour lui parler. « De quoi ? demanda B.

– Je ne sais pas. Il faut que tu viennes. »

B. flaira le piège et refusa.

Il n’avait pas oublié un week-end chez ses parents, cinq ans plus tôt. Sa sœur était présente, car il était rare qu’il soit autorisé à séjourner chez eux quand elle n’était pas là. Le dimanche après-midi, la question d’une visite à sa grand-mère maternelle, dans sa maison de retraite, se posa. Le village où se trouvait l’établissement était à une vingtaine de kilomètres de N. La mère et la sœur de B. se déclarèrent trop fatiguées. C’était l’été. Il faisait trop chaud. B. décida d’y aller. Le sourire de sa grand-mère, à son arrivée fut radieux et il se rendit compte qu’il y avait des années qu’il ne l’avait pas vue seul à seule. L’intimité d’autrefois fut rétablie en quelques instants. Mais elle ne dura pas. Un quart d’heure plus tard, la mère et la sœur de B. débarquèrent soudain et plus rien ne put être dit, hormis les propos vides que B. entendait à longueur de conversations.

Sa grand-mère mourut quelques mois plus tard. Pendant la période précédant son décès, l’idée d’aller la voir sans avertir ses parents et sa sœur ne lui traversa même pas l’esprit.

Le père de B. mourut à la mi-novembre, moins de trois ans après le déménagement. B. ne put éviter un séjour à Marseille. Au funérarium, face au corps de son père allongé sur une étroite table métallique inclinée, il eut l’impression totalement irrationnelle que le cadavre allait se redresser, l’engueuler et le frapper. Aucune larme ne fut versée.

Le père de B. était considéré comme le responsable de l’ambiance irrespirable régnant dans la famille. B. lui-même avait aussi une responsabilité, mais au second rang. De même que, visiblement, sa mère et sa sœur, il vécut la mort de son père comme un soulagement. Le méchant n’était plus là. La vie pouvait se réinstaller, se reconstruire.

Après l’enterrement, dans un cimetière où reposaient ses grands-parents et la famille de sa grand-mère, il refusa de redescendre à Marseille, mais promit de le faire dans les semaines à venir.

Il fut bientôt entraîné dans une situation où il ne contrôlait plus rien. Lorsqu’il téléphona à sa mère, vingt sonneries retentirent et personne ne décrocha. Plusieurs fois. Affolé, craignant un accident, il appela sa sœur à son bureau. En réalité, sa mère avait « du mal à marcher » et ne pouvait décrocher avant la trentième sonnerie, sauf si elle se trouvait près de l’appareil. Il fut donc convenu que B. appellerait le mercredi et le dimanche à onze heures.

Il ne fut autorisé à se rendre chez sa mère que pour Noël et accepta de passer une semaine à Marseille. Il était plein d’espoir. Mais il déchanta.

Enfant, presque encore bébé, B. avait contracté une paratyphoïde qui avait faille l’emporter. Il se souvenait d’une sœur avec sa cornette, des visages ébahis de ses parents derrière une vitre rectangulaire. Plus tard, sa mère lui avait dit qu’il était tombé malade parce qu’il avait bu l’eau de la meule du boucher dont l’arrière-boutique donnait sur la cour où il jouait, alors qu’elle le lui avait interdit. Telles furent la réalité, la vérité, pendant plus de cinquante ans.

Pendant le printemps précédant l’annonce du déménagement, B. et son père, qui se levaient tôt, prirent l’habitude de se téléphoner entre six et sept heures. Les conversations devinrent de plus en plus détendues. Des conversations d’un père avec son fils. Le père avoua, pendant cette période, que l’eau de la meule avait été analysée et, logiquement, ne contenait pas la bactérie responsable de la paratyphoïde.

Mais cette intimité ne dura que deux ou trois semaines. Bientôt la mère de B., qui traînait d’ordinaire au lit le matin, se leva en même temps que son mari. Elle finit par interdire à son fils d’appeler son père quand elle n’était pas présente. Et le père de B. ne protesta pas.

Pendant son séjour à Marseille, pour le premier Noël après la mort de son père, B. eut quelques occasions de se trouver seul avec sa mère. Il hésita plusieurs jours avant de lui demander pourquoi elle lui avait menti sur la cause de sa maladie. Elle répondit simplement qu’elle ne savait pas, qu’elle ne se souvenait pas. Sans doute B. aurait-il dû insister, mais il ne le fit pas. Le ton avait été explicite et, après tout, ce n’était peut-être pas si important. Ne lui avait-on pas souvent dit de ne pas « remuer le passé, que tout ça était « vieux. »

Mais quelque chose, en lui, s’envenima, s’infecta. Les coups de téléphone bihebdomadaires à jour et heure fixe pendant lesquels il ne pouvait aborder que des sujets triviaux et compatir aux nombreux maux de sa mère, devinrent un fardeau de plus en plus écrasant. Les journées les séparant semblèrent perdre toute existence propre, parurent uniquement consacrées à récupérer d’un coup de téléphone et préparer le suivant. Les séjours chez sa mère se muèrent en épreuves. Les silences étaient interminables et, pendant les repas auxquels sa sœur assistait, les conversations d’un vide sans fond. Par deux fois, le lendemain de son départ, sa mère tomba, une fois dans la salle de bains, une seconde dans les toilettes, et dût être secourue par les pompiers.

Plus tard, la sœur de B. acheta, dans une station balnéaire du Languedoc, une maison de vacances où les séjours de B. furent transférés. Il dormait sur un lit d’enfant dans un coin de mezzanine. Il ne rendait plus visite à sa mère, mais à sa sœur, et tout espoir d’aborder à nouveau le sujet du mensonge sur la cause de sa maladie s’évanouit.

Pendant les quatre ans qui suivirent la mort de son père, sa mère ne lui téléphona qu’une dizaine de fois, pour décommander un rendez-vous téléphonique. Après un séjour épuisant chez sa sœur, en août, il finit par exposer ses griefs à sa mère, qui tomba des nues. Il revint sur le passé, sur le mensonge. Pendant quelque temps, sa mère lui téléphona tous les deux jours, parfois tous les jours, sans accepter de parler de ce qui comptait pour lui.

Il finit par ne plus décrocher et obtint presque une année de tranquillité. Mais un jour, à la mi-octobre, sa mère lui téléphona pour lui annoncer une nouvelle importante : elle devait être opérée de la cataracte. B., qui avait subi cette opération, savait qu’elle n’avait rien de grave et le dit. Néanmoins, comme toujours, cette manœuvre suscita un espoir injustifié, ramena B. soixante ans en arrière et le précipita dans des abîmes de culpabilité. Au début de l’été, il entama une nouvelle longue remontée de la pente et se promit que ce serait la dernière.